Une ennemie ? [avec Mallaury]

Enfin, Jennifer Aston avait réalisé son rêve. C'était son premier jour à l'Opéra de Paris, et elle était fière de se retrouver là. La jeune danseuse était allée chercher ses livres de classe et devait se familiariser avec les lieux. Les pièces étaient immenses, toujours très bien décorées.
-Que c'était magnifique ici... On se croirait dans un palais.
Elle avait hête de connaître des personnes de son groupe et de se faire des amies. Mais elle ne pouvait pas accepter tout le monde... En ce moment le temps s'était refroidi pour un mois d'hiver. Il avait été assez chaud, agréable, pas comme les hivers où l'on passe son temps à grelotter de froid et à rester sur place. Jennifer détestait rester sur place. Il fallait toujours qu'elle bouge, qu'elle parle. D'où l'intérêt de faire de la danse. Elle n'avait pas beaucoup de pitié, sauf pour ses chers parents, qui étaient maintenant morts. A chaque fois qu'elle y repensait, ce drame lui faisait monter les larmes aux yeux. Mais elle détestait être une pleurnicheuse. L'Opéra allait changer sa vie. Tout en rêvassant elle vit une sillhouette devant elle qui marchait. Melle Aston ne voulait pas l'éviter, elle s'en moquait. La nouvelle arrivante tenait elle aussi des copies et des livres. Ses larmes l'aveuglaient, mais peu importe. Le tout, c'est qu'on ne devait pas voir qu'elle pleure.
L'inconnue voulu l'éviter mais quand elle la vit il était trop tard. Elle aussi était dans ses propres pensées. Le choc était rude. Jennifer faillit tomber, mais se retint à la poignée d'une porte fermée, puisqu'elle ne s'ouvrait pas. Jennifer cria, impensive:
-Vous pouvez pas regarder où vous marchez ?!
La femme qui était en face était interloquée.

C'était une belle journée qui commençait. Sa première journée à l'Opéra de Paris, son premier cours allait avoir lieu. Pendant toutes les vacances d'été, elle n'avait cessé de penser à son recrutement dans la carrière de maîtresse des petits rats de l'Opéra, un groupe de danse que Mallaury adorait. Elle aime les jeunes enfants qui ont la vie devant eux, une très longue vie peut-être, ou alors une très courte vie. Le temps était passé assez vite, toujours pareil: trop court pour les jeunes et très long pour les vieilles personnes. Elle avait profité d'être au bord de la mer pour bronzer et se reposer après ses longues années d'études, qui s'achevaient enfin. Oui, c'était la fin, et Melle Bernard en était trop heureuse. Elle pourrait enfin profiter de la vie, et pas tout le temps être penchée sur un devoir ou sur ses cahiers de mathématiques.

Son entrée à l'Opéra de Paris en tant que nouvelle maîtresse fut accueillie chaleureusement par la directrice. Elle lui recommanda de ne pas être trop gentille, sinon les élèves abuseront de sa gentillesse. Elle lui remit son emploi du temps, quelque peu chargé en ce début d'année. Mais ça n'y faisait rien. Petite, elle s'était souvent entraînée à jouer à la maîtresse. Encore il y a quelques jours Mallaury s'y entraînait, mais pour de vrai cette fois. La directrice devait l'accompagner dans sa salle de classe, pour qu'elle puisse commencer à instaler la classe à sa manière. Mais elle eut un appel d'urgence et lui indiqua assez vite fait le chemin. Les élèves devaient arriver dans quelques heures, mais les plus grandes franchissaient déjà la grande porte de l'immense bâtiment. Les couloirs étaient sombres mais les fenêtres laissaient passer un soleil rayonnant pour ce mois d'hiver, et elle se permit de regarder les détails d'architectures et les peintures du plafond.

Elle rêvait, même si elle savait qu'elle pouvait se perdre, Mallaury ne connaissait pas le chemin par coeur. Le souvenir de cet été lui restait en tête et continua de regarder en l'air. Ses nouveaux cahiers de classe étaient dans ses bras. Un livre de maths, de français, de géographie et de svt. Son cahier d'histoire l'attendait dans sa classe. La future maîtresse ne vit pas une jeune fille s'avançant droit devant elle, les larmes aux yeux. Tout lui était inconnu. La nouvelle arrivée était à contre-jour, ce qui ne lui facilitais pas la tâche. Quand elle la vit, il était déjà trop tard. Elle la cogna de plein fouet et ses cahiers agrémentés de feuilles vierges tombèrent et volèrent. Mallaury tomba par terre mais se releva et s'épousseta. Mais la fille devant elle s'était accrochée à la poignée d'une porte fermée. Elle lui cria:
-Vous pouvez pas regarder où vous marchez ?!
Mallaury la regardait, interloquée. Pour être amies, il fallait faire preuve de gentillesse, ce qu'elle avait. Elle décida de lui pardonner:
-Je rêvais, excusez-moi. Mais vous aussi, vous auriez pu faire attention. Allez, faîtes quitter cette mauvaise humeur. Et pourquoi pleurez-vous ?
En face, l'inconnue serra les dents. Mallaury eut soudain une intuition: elle ne serait jamais amie avec cette fille. La jeune fille en face d'elle partit au sens opposé, derrière Mallaury, en la frottant. "Elle le fait exprès ,pensa Mallaury. Et bien, cette journée commence assez mal." Il lui vient à l'idée de la suivre. Il fallait qu'elle lui réponde.

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